Les Jeux olympiques de 2024 sont à nos portes et, comme beaucoup de gens dans le monde, je suis impatient de suivre l’action. Comme la plupart des gens, j’encouragerai les athlètes de mon pays d’origine. Ne voulant pas manquer les moments où de nouveaux records du monde sont établis et où des stars sont créées, je regarderai le sprint. En tant que scientifique marin, j’ai une affinité naturelle avec tout ce qui touche de près ou de loin à l’océan, et je suivrai donc également tous les sports nautiques. Enfin, au cours des deux prochaines semaines, je suivrai tous les événements pour repérer quelque chose que la plupart des gens ne remarqueront pas : les gobelets réutilisables.

Pour gagner ma vie, je fais campagne pour empêcher la pollution plastique de dévaster nos océans. Dans le cadre de ce travail, mes collègues et moi-même essayons d’inciter les plus grandes sociétés de boissons du monde à vendre davantage de boissons dans des emballages réutilisables plutôt que dans du plastique à usage unique. Une augmentation de 10 % des emballages de boissons réutilisables dans le monde d’ici à 2030 permettrait d’éliminer plus d’un trillion de bouteilles et de gobelets en plastique à usage unique et d’éviter que 153 milliards de ces contenants ne polluent les cours d’eau et les mers de la planète. Les emballages réutilisables sont la meilleure solution dont dispose l’industrie des boissons pour remédier à sa contribution à la crise de la pollution plastique à laquelle nos océans sont actuellement confrontés. Pendant six années consécutives, Coca-Cola et Pepsi ont été classés parmi les plus gros pollueurs de plastique au monde par le mouvement international Break Free From Plastic. J’ai donc été ravie d’apprendre que les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 serviraient des boissons aux spectateurs dans des emballages réutilisables, ce qui pourrait remplacer des millions de gobelets en plastique à usage unique.

Cette décision de Paris 2024 est une étape importante dans la lutte mondiale contre la pollution plastique, marquant un changement vers des systèmes de réutilisation à grande échelle et s’éloignant de l’économie du « prendre-faire-déplacer » où l’emballage n’est utilisé qu’une seule fois, puis jeté. Les Jeux de 2024 seront le plus grand événement sportif de l’histoire à utiliser des emballages réutilisables, bien que des rapports récents aient indiqué que cet effort ne sera pas parfait, avec quelques défauts significatifs.

L’une des principales exigences de conception des systèmes de réutilisation efficaces est que les emballages réutilisables remplacent les emballages à usage unique. Cette condition est nécessaire pour que le système atteigne son objectif de réduction maximale des déchets d’emballage – et de la pollution. Pour la plupart des gens, cette exigence semble évidente, mais malheureusement, à Paris 2024, quelque part dans le processus de planification, cet objectif s’est perdu ou n’a jamais été considéré comme une priorité. Lors des Jeux de Paris, des rapports ont confirmé qu’une grande partie des boissons servies aux spectateurs dans des gobelets réutilisables seront versées dans des bouteilles en plastique à usage unique. Les organisateurs ont affirmé que cette décision était due à des restrictions opérationnelles dans les sites temporaires où les fontaines ne peuvent pas être installées. Cette excuse est difficile à avaler. Le sponsor principal Coca-Cola, ses partenaires en matière d’emballage et de distribution, ainsi que les organisateurs d’événements devraient redoubler d’efforts pour mettre au point des solutions innovantes qui leur permettent de répondre à la demande sans avoir recours à des bouteilles en plastique à usage unique.

Une autre exigence clé de la conception du système de réutilisation est que l’emballage réutilisable ne comporte pas de marque attrayante pour l’événement. Malheureusement, à Paris 2024, de nombreux gobelets réutilisables porteront le logo olympique, ce qui les rendra attrayants pour les spectateurs en tant que souvenirs et réduira la probabilité qu’ils soient retournés – et réutilisés. Même si les supporters réutiliseront probablement ces gobelets chez eux, les systèmes de réutilisation ne peuvent pas atteindre leur plein potentiel de minimisation des déchets – et des émissions de carbone – sans un taux de retour élevé. L’utilisation de gobelets réutilisables sans marque est tout à fait possible – ils sont déjà utilisés lors de concerts et de festivals de musique de grande envergure, tels que ceux appartenant à la société de divertissement Live Nation, où un système de gobelets réutilisables, TURN, a atteint des taux de retour de plus de 90 %.

Malgré les défauts, l’inclusion de la réutilisation à Paris 2024 reste – pour moi – une lueur d’espoir pour les océans. Le monde entier ayant les yeux rivés sur Paris 2024, c’est une occasion unique de mettre en avant la réutilisation, de sensibiliser aux avantages environnementaux des emballages réutilisables et d’accroître la demande des consommateurs pour ce type d’emballage. Au début du mois, plus de 100 organisations sportives et athlètes de haut niveau du monde entier ont profité de cette occasion pour demander aux grandes sociétés de boissons et aux sponsors sportifs d’augmenter le nombre d’emballages réutilisables à la place du plastique à usage unique. Cette demande a été formulée dans une lettre envoyée aux PDG de Coca-Cola Company, de PepsiCo et du plus grand embouteilleur de Coca-Cola, Coca-Cola Europacific Partners (CCEP). La lettre demandait spécifiquement à ces entreprises d’augmenter considérablement les emballages réutilisables, d’éliminer les plastiques à usage unique lors des futurs événements sportifs et de soutenir un traité ambitieux des Nations unies sur les plastiques.

La lettre a envoyé un message puissant contre le plastique à usage unique de la part de la communauté sportive, et j’ai été encouragé par le niveau élevé de soutien. Il est clair que les athlètes se préoccupent de cette question, et les principaux sponsors sportifs devraient en prendre note. Plus de 50 athlètes olympiques et paralympiques, champions du monde et détenteurs de records du monde ont soutenu la lettre, dont 23 athlètes qui participeront aux Jeux de Paris 2024. Au cours des deux prochaines semaines, j’applaudirai à tout rompre ces athlètes, qui sont des champions non seulement dans le domaine du sport, mais aussi pour les océans.

La pollution plastique est un problème qui nous concerne tous, athlètes et spectateurs. Dans l’esprit des Jeux olympiques, il est temps pour nous tous de nous rassembler et d’abandonner le plastique à usage unique au profit de la réutilisation. L’avenir de notre environnement, de notre climat et de notre santé en dépend.

By Laurie

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