Couvre-feu en Martinique après des manifestations contre le coût élevé de la vie et deux morts en Nouvelle-Calédonie, une île du Pacifique.
Les territoires français des Caraïbes et du Pacifique sont confrontés à une nouvelle vague de troubles : les forces de sécurité ont tué deux hommes en Nouvelle-Calédonie et un couvre-feu a été imposé après des émeutes en Martinique.
La recrudescence de la violence représente un défi pour le nouveau Premier ministre de centre-droit Michel Barnier, qui a eu du mal à former un gouvernement à la suite des élections législatives anticipées de juin, au cours desquelles aucun parti n’a obtenu la majorité absolue.
M. Barnier, l’ancien négociateur de l’Union européenne pour le Brexit, a soumis une proposition de nouveau cabinet au président Emmanuel Macron jeudi en fin de journée, la liste devant être officiellement annoncée dès vendredi, a rapporté l’agence de presse AFP.
En Nouvelle-Calédonie, territoire du Pacifique, la police a tué deux hommes au cours d’une opération nocturne, a annoncé jeudi le parquet de Nouméa.
L’incident a eu lieu à Saint Louis, bastion du mouvement indépendantiste au sud de Nouméa, alors que la police recherchait une douzaine de personnes soupçonnées d’être impliquées dans des vols à main armée et des attaques contre les forces de sécurité, selon le communiqué du procureur.
Ces meurtres portent à 13 le nombre de morts sur l’île du Pacifique depuis le début d’une crise déclenchée par une réforme électorale controversée qui a été suspendue en juin.
Des violences ont éclaté à la mi-mai en raison du projet français de réforme du mode de scrutin, dont le peuple autochtone kanak craint qu’il ne dilue son vote et ne rende plus difficile l’adoption d’un futur référendum sur l’indépendance.
En juin, Macron a suspendu le plan de réforme, mais la violence a persisté dans le territoire, un important producteur de nickel.
La France a envoyé des milliers de soldats et de policiers dans l’archipel, qui compte environ 270 000 habitants et se trouve à près de 17 000 km de Paris. Les dégâts causés par les violences ont été estimés à 2,4 milliards de dollars.
Par ailleurs, le préfet du territoire français d’outre-mer de la Martinique a imposé un couvre-feu nocturne pour limiter les déplacements dans certains quartiers de Fort-de-France et du Lamentin en raison des violences qui ont secoué l’île des Caraïbes.
Le couvre-feu, qui a été imposé mercredi, restera en place jusqu’au 23 septembre au moins, de 21 heures à 5 heures du matin, et intervient dans un contexte de protestations contre le coût élevé de la vie sur cette île de 350 000 habitants, selon le communiqué du gouvernement.
Vendredi, des voitures endommagées ont été vues bloquant les rues de l’île. Dans d’autres zones, des déchets brûlés ont été vus éparpillés au milieu de la circulation. Les chauffeurs de taxi se sont également joints aux manifestations.
Rodrigue Petitot, un militant, a déclaré à Al Jazeera que les habitants de la Martinique protestent contre la flambée des coûts, qui sont par exemple 30 % plus élevés pour les denrées alimentaires par rapport aux prix pratiqués en France.
Gladys Roger, une autre activiste et manifestante, a déclaré qu’une partie de la population de l’île « se trouve dans une situation d’extrême pauvreté », les parents ayant du mal à nourrir correctement leurs enfants.
« Le problème existe depuis longtemps et il est temps d’y apporter une solution concrète », a déclaré Mme Roger.
Les émeutes font suite à des manifestations qui ont débuté début septembre pour protester contre la hausse des prix. Le préfet de la Martinique, Jean-Christophe Bouvier, a déclaré que les autorités avaient procédé à 15 arrestations.
Onze policiers ont été blessés par balles, a-t-il dit, ajoutant que trois émeutiers avaient également été blessés.