Christian Tein est accusé d’avoir fomenté des émeutes contre la réforme électorale le mois dernier, au cours desquelles neuf personnes ont été tuées.

La police de Nouvelle-Calédonie a arrêté 11 personnes, dont le leader indépendantiste Christian Tein, après les émeutes meurtrières qui ont eu lieu le mois dernier dans ce territoire français du Pacifique.

Le procureur général de Nouvelle-Calédonie a nommé Tein, leader du mouvement indépendantiste CCAT (Cellule de coordination de l’action sur le terrain), dans un communiqué publié mercredi. Le militant et 10 autres personnes non identifiées ont été arrêtés pour des délits de « crime organisé », pour lesquels ils peuvent être détenus jusqu’à 96 heures.

Ces arrestations font partie d’une enquête de police lancée le 17 mai, quelques jours après que les troubles aient dégénéré en une vague d’affrontements armés, de pillages, d’incendies et d’autres violences qui ont transformé certaines parties de la capitale, Nouméa, et de sa banlieue en zones interdites.

Les détenus sont soupçonnés d’avoir joué un rôle d’instigateur dans les violences qui ont fait neuf morts, dont deux policiers. Des centaines de personnes ont été blessées et les dégâts sont estimés à 1,5 milliard d’euros (1,6 milliard de dollars). La France a déployé 3 000 soldats et policiers dans l’archipel, situé à environ 1 300 km au nord-est de l’Australie, afin de rétablir le calme.

Les violences ont éclaté à la suite de projets français visant à élargir les listes électorales en permettant aux Européens français vivant dans les îles depuis au moins 10 ans de voter.

Le peuple autochtone kanak, qui cherche depuis longtemps à s’affranchir de la France, a déclaré que la modification du droit de vote laisserait le peuple kanak en minorité permanente, ce qui mettrait l’indépendance définitivement hors de portée.

Le président français Emmanuel Macron a suspendu le plan la semaine dernière après avoir dissous le parlement pour des élections anticipées le 30 juin et le 7 juillet.

Les groupes pro-indépendance ont demandé qu’il soit complètement retiré avant que les discussions sur l’avenir politique de l’île puissent reprendre.

Arrestations abusives

M. Tein a été arrêté alors qu’il s’apprêtait à tenir une conférence de presse dans les bureaux du CTAC, qui se trouvent dans un bâtiment abritant le siège du plus grand parti politique indépendantiste, l’Union calédonienne (UC), a déclaré le parti dans un communiqué.

Reine Hue, élue de l’UC, a déclaré que la police « est entrée dans les bureaux et a pris des photos, notamment de documents ».

Le procureur Yves Dupas a déclaré que les bureaux du CCAT avaient été fouillés « sans incident ».

Le CTAC a été créé en novembre pour s’opposer aux changements électoraux, qui nécessitent une modification de la constitution française. Le ministre français de l’Intérieur, Gerald Darmanin, l’a qualifié d' »organisation mafieuse ».

M. Tein faisait partie des personnalités politiques indépendantistes qui ont rencontré M. Macron lors de sa visite en Nouvelle-Calédonie le mois dernier.

L’UC a condamné les arrestations « abusives » de mercredi, accusant dans une déclaration que « les leaders anti-indépendantistes locaux et les miliciens criminels peuvent se pavaner en toute liberté ».

Mais le parti a également exhorté ses partisans à « ne pas répondre à la provocation », appelant au calme jusqu’à ce que l’on en sache plus sur les arrestations.

By Laurie

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