Des policiers français ont pénétré dans l’Institut d’études politiques de Paris (Sciences Po) et en ont expulsé les étudiants militants pro-palestiniens qui avaient occupé ses bâtiments pour protester contre la guerre d’Israël contre Gaza.
Natacha Butler, d’Al Jazeera, a déclaré que la police avait « pénétré » vendredi dans l’un des bâtiments et avait expulsé plus de 50 étudiants qui organisaient un sit-in, dont certains avaient entamé une grève de la faim.
« Ils [students] ont filtré lentement. Ils ont été autorisés à quitter les lieux. Il semble que tout se soit déroulé dans le calme », a-t-elle déclaré.
James, un étudiant de l’université, a déclaré à Al Jazeera que, plus tôt dans la journée de vendredi, l’administrateur de l’école avait tenu une autre série de pourparlers avec les manifestants, mais que les négociations visant à déplacer la manifestation ailleurs sur le campus avaient échoué.
« Il n’y a eu aucune garantie qu’il n’y aurait pas d’intervention de la police après que les gens aient quitté les salles », a-t-il déclaré.
Un autre étudiant nommé Lucas, qui prépare un master, a déclaré à l’agence de presse AFP qu’il avait été témoin de la façon dont « certains étudiants ont été traînés et d’autres saisis par la tête ou les épaules ».
Des images capturées par Al Jazeera à l’extérieur du campus ont également montré de jeunes manifestants criant des chants pro-palestiniens alors qu’ils affrontaient la police.
Des étudiants du Comité Palestine de l’université avaient auparavant déclaré à la presse qu’ils avaient été confrontés à une réaction « disproportionnée » de la part de la police, qui avait bloqué l’accès au site avant d’y pénétrer.
Ils se sont également plaints de l’absence d' »assistance médicale » pour sept étudiants qui avaient entamé une grève de la faim « en solidarité avec les victimes palestiniennes ».
Avant l’intervention de la police, un porte-parole de Sciences Po a déclaré que l’université cherchait une « solution négociée pour mettre fin à l’impasse » avec ses étudiants, et que certains de ses campus satellites à Reims, au Havre et à Poitiers étaient également touchés par les protestations.
L’université a été fermée pour la journée de vendredi, avec une forte présence policière autour de son bâtiment principal.
Épicentre des manifestations
Sciences Po est devenu l’épicentre des manifestations d’étudiants anti-guerre en France en raison des liens académiques de l’institution avec Israël. La semaine dernière, les étudiants ont bloqué l’accès à l’université.
Mais le directeur de Sciences Po, Jean Basseres, a rejeté jeudi les demandes des manifestants de revoir ses relations avec les universités israéliennes, ce qui a incité les étudiants à poursuivre leur sit-in.
Bien que les manifestations se soient étendues à l’ensemble du pays, elles sont restées d’une ampleur bien moindre que celles observées aux États-Unis.
Devant l’université de la Sorbonne, à quelques centaines de mètres de Sciences Po, dans le centre de Paris, des membres de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) installaient vendredi une « table de dialogue ».
« Nous voulons prouver qu’il n’est pas vrai que l’on ne peut pas parler du conflit israélo-palestinien », a déclaré Samuel Lejoyeux, président de l’UEJF, à l’antenne de Radio J.
« Pour ce faire, nous devons mettre à l’écart ceux qui désignent les étudiants juifs comme complices d’un génocide », a-t-il ajouté.
A Lille, dans le nord-est du pays, l’école de journalisme de l’ESJ a été bloquée, selon l’agence de presse AFP.
Les étudiants de l’antenne voisine de Sciences Po ont vu leur identité vérifiée avant d’être autorisés à entrer par une entrée secondaire pour passer leurs examens.
Une centaine d’étudiants avaient occupé un amphithéâtre de l’antenne lyonnaise de Science Po jeudi en fin de journée, tandis qu’un blocus sur un site universitaire de la ville voisine de Saint-Etienne a été levé jeudi matin par la police.
Le bureau du Premier ministre français Gabriel Attal a déclaré que de telles manifestations seraient traitées avec une « rigueur totale », ajoutant que 23 sites universitaires avaient été « évacués » jeudi.