L’Assemblée nationale va débattre de deux motions déposées par l’extrême gauche et la droite dure.
Le gouvernement français est confronté à un vote de défiance après que le Premier ministre Michel Barnier ait fait adopter des mesures budgétaires sans l’approbation du Parlement.
Si la mesure est adoptée mercredi, comme on s’y attend, ce serait la première fois qu’un gouvernement français est destitué de cette manière depuis plus de 60 ans.
L’Assemblée nationale doit se prononcer après avoir débattu de deux motions déposées par le camp de gauche et les nationalistes d’extrême droite, qui comptent ensemble plus de 330 hommes politiques. Une motion de défiance doit recueillir au moins 288 voix sur 574 pour être adoptée.
Le Rassemblement national (RN) d’extrême droite de Marine Le Pen, trois fois candidate à la présidence, devrait voter en faveur de la motion présentée par la gauche, ce qui lui donnerait suffisamment de voix pour être adoptée.
La session devrait commencer à 16h00 (15h00 GMT), et le vote devrait avoir lieu quelques heures plus tard. Le président Emmanuel Macron devrait rentrer en France après une visite d’Etat en Arabie Saoudite dans la journée.
M. Macron, dont le mandat s’achève en 2027, a rejeté la menace de sa destitution potentielle dans la tourmente, déclarant que de telles discussions relevaient de la « politique de l’illusion ».
« Je suis ici parce que j’ai été élu deux fois par le peuple français », a déclaré M. Macron, cité par les médias français. « Nous ne devons pas effrayer les gens avec de telles choses. Nous avons une économie forte.
Mais le renversement du gouvernement Barnier après seulement trois mois de mandat laisserait le président avec peu d’options sur la façon d’aller de l’avant et sur la personne à nommer pour le remplacer.
Aucune nouvelle élection ne peut être convoquée avant un an après les dernières élections législatives. M. Macron pourrait demander à M. Barnier de rester dans un rôle intérimaire pendant qu’il cherche un nouveau premier ministre, ce qui ne pourrait se produire que l’année prochaine.
Interrogé à la télévision française sur la possibilité que son gouvernement survive au vote de mercredi, M. Barnier a répondu : « Je le souhaite et c’est possible. Cela dépend des députés ».
Cette dernière agitation politique fait suite aux élections anticipées convoquées par M. Macron en juin pour tenter d’enrayer la poussée de l’extrême droite, qui n’a laissé aucun parti ou faction au parlement avec une majorité.
Certains observateurs ont suggéré que Mme Le Pen, 56 ans, cherche à faire tomber M. Macron avant la fin de son mandat en évinçant M. Barnier. Le leader d’extrême droite est impliqué dans un procès très médiatisé pour détournement de fonds et, s’il est reconnu coupable en mars, il pourrait être empêché de participer à la prochaine élection présidentielle française en 2027.
Elle a insisté sur le fait que la position du parti était entièrement due à un budget qui rendrait les Français plus pauvres. « La censure du budget est pour nous le seul moyen que nous donne la Constitution pour protéger les Français », a déclaré Mme Le Pen aux journalistes à son arrivée au Parlement.
Si le gouvernement tombe, il s’agirait du premier vote de défiance réussi depuis la défaite du gouvernement de Georges Pompidou en 1962, alors que Charles de Gaulle était président.