Ce vétéran de la politique a pour mission de sortir le pays de la crise après le renversement du gouvernement précédent.
Le nouveau Premier ministre français, François Bayrou, se dit conscient de l’ampleur des problèmes financiers et politiques de la France, comparant le déficit budgétaire du pays à la chaîne de montagnes de l’Himalaya.
« Personne ne connaît mieux que moi la difficulté de la situation », a déclaré M. Bayrou lors d’une cérémonie de passation de pouvoirs avec l’ancien Premier ministre Michel Barnier vendredi.
« Je suis pleinement conscient de l’Himalaya qui se dresse devant nous », a-t-il déclaré à propos du déficit budgétaire qui s’élève actuellement à 6,1 % du produit intérieur brut (PIB).
Le président Emmanuel Macron a nommé le centriste Bayrou comme nouveau premier ministre après que M. Barnier ait été contraint par les législateurs d’extrême droite et d’extrême gauche de démissionner après seulement trois mois de mandat lors d’un vote de défiance historique la semaine dernière.
M. Bayrou est une figure bien connue de la politique française dont l’expérience politique est considérée comme essentielle dans les efforts visant à restaurer la stabilité du pays.
Le chef de 73 ans du groupe Mouvement démocratique (MoDem), qui a été allié au parti centriste Renaissance du président depuis qu’il a balayé le pouvoir en 2017.
Le pays a été plongé dans une crise politique lorsque Macron a convoqué des élections anticipées plus tôt cette année après que son parti a obtenu de mauvais résultats aux élections européennes, le parti d’extrême droite Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen émergeant comme le vainqueur incontestable.
Mais sa tentative de renforcer son gouvernement minoritaire, qui avait du mal à faire passer des lois, s’est retournée contre lui de manière spectaculaire lorsque le scrutin a donné un résultat non concluant, laissant le parlement divisé entre trois blocs belligérants sans majorité absolue.
Le nouveau premier ministre, le quatrième du pays cette année, a récemment été blanchi dans une affaire de détournement de fonds du Parlement européen.
Les lignes rouges sont toujours là
M. Bayrou, qui a été ministre de l’éducation de 1993 à 1997, doit maintenant relever le défi immédiat de constituer un cabinet capable de survivre à un vote de défiance et d’élaborer un budget pour 2025 afin de limiter les turbulences économiques.
Il devrait s’entretenir avec les dirigeants politiques des différents partis dans les prochains jours afin de choisir de nouveaux ministres. Certains conservateurs devraient faire partie du nouveau gouvernement.
La stratégie de M. Macron vise à empêcher la dirigeante d’extrême droite, Mme Le Pen, d’exercer un pouvoir « décisif » sur le gouvernement.
Mme Le Pen a contribué à la déposition de M. Barnier en rejoignant les forces de gauche de son parti RN pour faire adopter la motion de censure la semaine dernière.
Le président du RN, Jordan Bardella, a déclaré vendredi que son parti adopterait une approche attentiste pour le moment. « Nos lignes rouges sont toujours là, elles ne vont pas changer », a-t-il prévenu.
Les responsables du RN, dont Mme Le Pen, ont déclaré qu’ils souhaitaient que toute nouvelle loi de finances préserve le pouvoir d’achat des Français.
Le malaise politique qui s’envenime en France a fait naître des doutes sur la capacité de M. Macron à terminer son second mandat présidentiel, qui s’achève en 2027. Le président s’est engagé à rester en fonction « jusqu’à la fin » de son mandat de cinq ans, c’est-à-dire jusqu’en mai 2027.
L’année prochaine, Mme Le Pen sera jugée dans le cadre d’un procès pour détournement de fonds. Si elle est condamnée, elle pourrait perdre la possibilité de se présenter aux élections de 2027.
Le public semble souhaiter une période de stabilité dans la politique française, avec un peu plus de deux tiers des personnes interrogées dans un sondage Elabe publié mercredi disant qu’elles souhaitent que les politiciens parviennent à un accord, et non pas qu’ils renversent un nouveau gouvernement.