Le président Emmanuel Macron rencontre les dirigeants politiques de l’île du Pacifique sous domination française et affirme que les changements ne seront pas mis en œuvre « par la force ».
Le président français Emmanuel Macron a déclaré qu’il retarderait une réforme du mode de scrutin en Nouvelle-Calédonie qui, selon le peuple autochtone kanak des îles du Pacifique sous domination française, diluerait leurs votes et saperait leur lutte pour l’indépendance.
S’exprimant jeudi à Nouméa, la capitale de la Nouvelle-Calédonie, après avoir rencontré les dirigeants politiques locaux, M. Macron a déclaré que son objectif ultime était toujours de signer la loi, mais seulement si la paix revenait et si un pacte plus large sur l’avenir de l’île pouvait être forgé.
« Je m’engage à ce que cette réforme ne soit pas mise en œuvre par la force », a-t-il déclaré devant le bâtiment du Haut-commissariat français.
Six personnes, dont trois jeunes Kanaks, ont été tuées et environ 280 personnes ont été arrêtées depuis que des manifestations ont éclaté il y a une semaine et demie pour protester contre ce projet qui permettrait à des milliers de résidents français vivant en Nouvelle-Calédonie depuis 10 ans ou plus de voter.
Paris affirme que cette mesure est nécessaire pour améliorer la démocratie. Près d’un quart de la population s’identifie comme européenne, principalement française.
Les dirigeants kanaks souhaitent l’annulation de la réforme, craignant qu’elle ne dilue leur vote et ne rende plus difficile l’adoption d’un futur référendum sur l’indépendance.
M. Macron, qui est arrivé sur l’île tôt jeudi, a déclaré que sa priorité immédiate était de rétablir le calme, de reconquérir les zones touchées par la violence et le désordre, et de contribuer à l’instauration d’un dialogue politique.
Environ 3 000 soldats ont été envoyés de Paris depuis le début des violences et pourraient rester jusqu’aux Jeux olympiques de Paris, qui débutent le 26 juillet, a déclaré M. Macron.
M. Macron a observé une minute de silence pour les personnes tuées et a déclaré que si les barrages routiers et les barricades étaient levés, il s’opposerait à la prolongation de l’état d’urgence.
« D’ici un mois », il fera le point sur la situation « et prendra des décisions sur les suites institutionnelles à donner », a-t-il ajouté.
M. Macron a déclaré que la réforme du mode de scrutin avait une « légitimité démocratique » après avoir été adoptée par les législateurs à Paris. Il a déclaré qu’il n’y avait aucun doute sur la légitimité du référendum de 2021 qui avait montré une majorité écrasante contre l’indépendance.
Les partis indépendantistes ont boycotté le plébiscite et de nombreux Kanaks ont refusé d’y participer, invoquant notamment la pandémie de COVID-19.
D’autres dirigeants locaux souhaitent que la réforme du scrutin soit suspendue afin de permettre un dialogue plus large sur l’avenir des îles.
Les listes électorales ont été gelées par l’accord de Nouméa de 1998, qui a mis fin à des années de violence en traçant la voie vers une autonomie progressive.
Mais le pacte a expiré en 2021 et le boycott kanak du référendum sur l’indépendance a conduit à une impasse politique.