M. Macron a demandé à M. Barnier et à son gouvernement de continuer à assurer l’intérim « jusqu’à la nomination d’un nouveau gouvernement ».
Le président français Emmanuel Macron doit s’adresser à la nation suite à la démission du Premier ministre Michel Barnier, un jour après qu’un vote de défiance au Parlement ait renversé le gouvernement.
M. Barnier a présenté sa démission lors d’une rencontre avec M. Macron au Palais de l’Elysée jeudi. M. Macron a « pris acte » de la démission et a demandé à M. Barnier et à son gouvernement de continuer à assurer l’intérim « jusqu’à la nomination d’un nouveau gouvernement », a déclaré l’Elysée dans un communiqué,
M. Macron devait rencontrer les présidents des chambres haute et basse du Parlement avant de prononcer un discours à la nation à 19h00 GMT.
Un total de 331 législateurs de l’Assemblée nationale française de 577 sièges ont voté la destitution du gouvernement lors du vote de défiance mercredi, forçant M. Barnier à démissionner après trois mois de mandat – le mandat le plus court d’un premier ministre dans l’histoire moderne de la France.
La destitution de M. Barnier est intervenue après les élections législatives anticipées de juin qui ont abouti à un parlement sans majorité, aucune force politique n’étant en mesure de former une majorité globale et l’extrême droite détenant la clé de la survie du gouvernement.
Les alliés du camp de M. Macron ont rejoint le chœur pour demander une action rapide. Après les élections anticipées de fin juin et début juillet, il a fallu près de deux mois à M. Macron pour nommer M. Barnier.
« Je lui recommande de procéder rapidement à la nomination d’un premier ministre, c’est important, il ne faut pas laisser les choses en l’air « , a déclaré la présidente de l’Assemblée nationale, Yael Braun-Pivet, à la radio France Inter avant de rencontrer M. Macron vers midi (11h00 GMT).
François Bayrou, dont le nom est souvent cité par les médias français comme successeur possible de M. Barnier, devait déjeuner avec M. Macron, selon le journal Le Parisien et d’autres médias. M. Bayrou est un vétéran de la politique centriste et un proche allié de M. Macron.
Le ministre de la Défense sortant, Sébastien Lecornu, a également été cité comme candidat possible au poste de premier ministre. Il n’y a pas encore eu d’information sur une éventuelle rencontre entre Macron et lui.
Le Parlement divisé
L’agitation politique en France affaiblit encore davantage une Union européenne déjà ébranlée par l’effondrement du gouvernement de coalition de l’Allemagne, et survient quelques semaines avant que le président élu des États-Unis, Donald Trump, ne revienne à la Maison Blanche.
Tout nouveau premier ministre sera confronté aux mêmes défis que ceux qui ont conduit à la chute de M. Barnier, notamment celui de faire adopter le budget 2025 par un parlement profondément divisé, à un moment où la France a besoin de redresser des finances publiques en difficulté.
« C’est la conclusion logique de ce que sont la France et ses législateurs en ce moment : un gâchis », a déclaré Paulo, un Parisien de 75 ans, à l’agence de presse Reuters, en commentant les derniers développements.
L’analyste Jean-Christophe Gallien a déclaré que l’absence de majorité au Parlement français continuerait à être un obstacle à la capacité du président à gouverner.
« Il est difficile de comprendre ce qui va se passer maintenant. L’Assemblée nationale n’a pas de majorité. Il n’y a que des minorités », a déclaré à Al Jazeera M. Gallien, maître de conférences en sciences politiques à l’Université de la Sorbonne.
« Il y a 13 groupes politiques. Et il n’y a pas de solution pour le moment ».
Un président français ne peut être chassé que si les deux tiers des législateurs décident qu’il a gravement manqué à son devoir, conformément à un article de la Constitution qui n’a jamais été invoqué.
Quelque 64 % des électeurs souhaitent que M. Macron démissionne, selon le sondage Toluna Harris Interactive pour la chaîne de télévision RTL. Une petite majorité d’électeurs approuve la destitution de M. Barnier par le Parlement, mais beaucoup s’inquiètent de ses conséquences économiques et politiques, a suggéré le sondage.
Selon les règles constitutionnelles françaises, il ne peut y avoir de nouvelles élections parlementaires avant juillet.