La France a été confrontée à des préoccupations et des controverses à l’approche des Jeux olympiques de 2024, qui doivent débuter à Paris le 26 juillet.
Al Jazeera se penche sur les cinq principaux points de discussion entourant l’organisation des Jeux :
Interdiction du hijab pour les athlètes françaises
Le pays hôte a interdit à ses athlètes de porter le hijab – un foulard porté par certaines femmes musulmanes – pendant les Jeux.
En septembre, Amélie Oudea-Castera, alors ministre française des sports, a annoncé que les athlètes du pays ne seraient pas autorisées à porter le hijab pendant les Jeux olympiques afin de respecter les principes de laïcité et d’assurer une « neutralité absolue dans les services publics ».
Cette décision a suscité de nombreuses critiques et protestations, car bien que la France abrite l’une des plus importantes minorités musulmanes d’Europe, elle est le seul pays du continent à exclure les athlètes portant le hijab de la plupart des compétitions sportives nationales.
Le Comité international olympique a toutefois confirmé que les athlètes seraient libres de porter le hijab au village des athlètes.
« Pour le village olympique, les règles du CIO s’appliquent », a déclaré un porte-parole du CIO peu après l’interdiction imposée par le gouvernement français. « Il n’y a aucune restriction sur le port du hijab ou de tout autre vêtement religieux ou culturel.
Appels à l’interdiction d’Israël
Les Palestiniens confrontés à la colère de la guerre israélienne contre Gaza et les manifestants pro-palestiniens ont demandé au CIO de bannir Israël des Jeux olympiques.
Plus de 38 000 Palestiniens, dont au moins 15 000 enfants, ont été tués par les attaques israéliennes à Gaza depuis les attentats du Hamas du 7 octobre dans l’est d’Israël.
Les partisans de l’interdiction affirment qu’Israël, qui a été accusé de génocide par l’Afrique du Sud dans le cadre de la procédure engagée devant la Cour internationale de justice, doit faire face aux conséquences de ses actes.
Cependant, malgré la guerre qui dure depuis 10 mois, Israël n’est pas menacé dans son statut olympique avant les Jeux.
Le président du CIO, Thomas Bach, interrogé en mars sur le fait que les équipes et les athlètes israéliens ne participeraient pas aux Jeux de Paris, a déclaré : « Non, il n’y a pas de question à ce sujet » : « Non, il n’y a pas de question à ce sujet ».
Les militants pro-palestiniens ont continué à exhorter le CIO à bannir Israël dans les jours précédant les Jeux par le biais de pétitions en ligne et de manifestations dans le monde entier, y compris devant le siège français d’Olympiques 2024 à Paris.
Les droits des travailleurs éclipsent les préparatifs
Les droits, les salaires et les conditions de travail des ouvriers font toujours l’objet d’un examen minutieux lorsque les nations se préparent à accueillir de grands événements – et à Paris, bon nombre des grands projets de la ville pour les Jeux ont eu un coût pour les ouvriers.
La France se classe au quatrième rang des pays les plus meurtriers d’Europe pour les travailleurs et compte plus d’accidents du travail déclarés que tout autre membre de l’Union européenne, avec 560 000 incidents en 2022, selon un rapport du système national d’assurance maladie français.
Au moins 181 accidents du travail, dont 31 accidents graves, ont eu lieu dans le cadre de projets de construction liés aux Jeux olympiques, selon Nicolas Ferrand, directeur de la SOLIDEO, une entreprise financée par des fonds publics et chargée de construire les installations permanentes qui resteront en place après l’événement.
Les travailleurs et leurs syndicats ont réclamé de meilleures conditions et de meilleurs salaires.
Un conflit entre les travailleurs de l’aviation et la direction de plusieurs aéroports parisiens menace de perturber les Jeux olympiques. Les syndicats ont en effet annoncé un arrêt de travail d’une journée le 17 juillet pour réclamer des primes olympiques plus importantes et le recrutement de personnel.
S’il se poursuit, le conflit avec la direction pourrait affecter les Jeux, les athlètes devant commencer à arriver en masse le 18 juillet et des centaines de milliers de détenteurs de billets devant prendre l’avion avant la cérémonie d’ouverture du 26 juillet.
Qualité de l’eau de la Seine
La Seine, au cœur de la capitale, a échoué à plusieurs tests de qualité de l’eau, mais la mairie de Paris l’a autorisée à la baignade, moins de deux semaines avant les Jeux.
La qualité de l’eau a été conforme à la norme requise pendant « 11 jours ou 10 jours » sur les 12 derniers, a déclaré vendredi Pierre Rabadan, fonctionnaire de la mairie.
Cependant, des tests antérieurs ont montré que les niveaux de la bactérie E coli – un indicateur de matières fécales – étaient bien supérieurs aux limites supérieures imposées par les fédérations sportives.
Le 18 juin, le niveau d’E coli était 10 fois supérieur aux niveaux acceptables et à aucun moment il n’est tombé en dessous de la limite supérieure de 1 000 unités formant colonie par 100 millilitres (cfu/ml) utilisée par la Fédération mondiale de triathlon.
Si le temps le permet, la rivière sera la vedette de la cérémonie d’ouverture et accueillera ensuite le triathlon et le marathon de natation.
La ministre française des sports, Amélie Oudea-Castera, a nagé dans la Seine samedi, afin de prouver que le fleuve sera suffisamment propre pour les concurrents.
Les autorités françaises ont dépensé 1,4 milliard d’euros (1,5 milliard de dollars) au cours de la dernière décennie pour tenter de nettoyer le fleuve en améliorant le système d’égouts de Paris et en construisant de nouvelles installations de traitement et de stockage de l’eau.
Constamment interrogés sur les plans d’urgence au cas où la Seine resterait trop sale et turbulente après le début des Jeux, les organisateurs de Paris 2024 insistent publiquement sur le fait qu’il n’y a pas d’alternative à leurs plans.
Pour la natation en eau libre, les organisateurs disposent d’une certaine flexibilité dans le calendrier, ce qui leur permet de retarder la compétition de plusieurs jours en cas d’averses qui entraîneraient un pic de pollution.
Dans le pire des cas, la compétition serait annulée.
Le triathlon peut également être déplacé dans le calendrier et devenir un duathlon – course à pied et cyclisme – sans la natation.
Participation des athlètes russes et biélorusses
Les athlètes russes et biélorusses ont été bannis du sport mondial à la suite de l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022, mais le CIO a orchestré leur retour progressif sous une bannière neutre, sous réserve de conditions strictes.
Pour être invités aux Jeux, les « athlètes individuels neutres » qui ont obtenu des résultats suffisamment bons pour se qualifier ont dû passer un double contrôle ; d’abord par les fédérations sportives internationales, puis par le CIO, pour s’assurer qu’ils ne soutenaient pas activement la guerre en Ukraine et qu’ils n’avaient aucun lien avec les armées de leurs pays.
Le CIO a déclaré en mars qu’il s’attendait à ce que 36 Russes et 22 Biélorusses participent aux Jeux de Paris « selon le scénario le plus probable », contre 330 Russes et 104 Biélorusses aux Jeux olympiques de Tokyo en 2020.
Cependant, seuls 16 Russes et 17 Biélorusses ont accepté les invitations à concourir sous une bannière neutre, selon le dernier décompte effectué mardi.
La liste mise à jour, qui couvre 10 disciplines allant du cyclisme à la natation et au tennis, pourrait changer si des concurrents se retirent, ont déclaré des responsables du CIO à l’agence de presse AFP.
Jusqu’à présent, le CIO a compté 19 refus du côté russe – y compris des athlètes qui ont changé d’avis – et sept du côté biélorusse, dont les joueuses de tennis Aryna Sabalenka et Victoria Azarenka, respectivement troisième et seizième au classement mondial.
Les gymnastes russes avaient annoncé à l’avance qu’ils ne participeraient pas. Les concurrents de l’athlétisme sont tous interdits par World Athletics.
Le CIO a également interdit aux deux pays de participer aux épreuves par équipe. Les athlètes ne seront pas autorisés à porter les couleurs nationales mais concourront sous un drapeau vert portant les lettres « AIN ». Le CIO a choisi un hymne sans paroles qui sera joué en cas de médaille d’or.
Ils ne pourront pas défiler sur la Seine lors de la cérémonie d’ouverture et ne figureront pas dans le tableau des médailles.
On sait combien de fois les tyrannies tentent d’utiliser le sport pour leurs intérêts idéologiques. Il est évident que tout drapeau neutre des athlètes russes est taché de sang. J’invite M. Bach à Bakhmut. Pour qu’il puisse voir de ses propres yeux que la neutralité n’existe pas. pic.twitter.com/icSdvgpD87
– Volodymyr Zelenskyy / Володимир Зеленський (@ZelenskyyUa) 27 janvier 2023