Les autorités locales déclarent que cinq suspects sont assignés à résidence pour tenter de rétablir le calme.

La France a déclaré l’état d’urgence dans son territoire insulaire du Pacifique, la Nouvelle-Calédonie, et a déployé des renforts policiers et militaires pour tenter de mettre fin aux jours de troubles provoqués par la décision de Paris de modifier les règles régissant les élections provinciales.

Trois autochtones kanaks et un policier ont été tués dans les violences qui ont éclaté lundi soir et qui se sont poursuivies malgré un couvre-feu instauré pour la nuit. Des centaines de personnes ont été blessées.

L’état d’urgence est entré en vigueur jeudi à 5 heures du matin (18 heures GMT mercredi) et donne aux autorités de larges pouvoirs de recherche et d’arrestation.

Le haut-commissariat, qui représente l’Etat français en Nouvelle-Calédonie, a déclaré dans un communiqué que cinq personnes avaient été assignées à résidence en tant que « commanditaires présumés des troubles violents » et que d’autres perquisitions auraient lieu « dans les heures à venir ».

Plus de 200 « émeutiers » ont été arrêtés.

Les autorités sont « déterminées à rétablir rapidement l’ordre public et à prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger la population de Nouvelle-Calédonie ».

Un contingent de militaires était en route depuis Marseille pour sécuriser l’aéroport international de la Nouvelle-Calédonie, fermé depuis le début de la semaine, ainsi que ses ports.

L’état d’urgence restera en vigueur pendant 12 jours.

Une réforme controversée

Depuis plusieurs semaines, la colère gronde face au projet d’amendement de la Constitution française visant à autoriser les personnes ayant vécu dix ans en Nouvelle-Calédonie à voter aux élections provinciales du territoire, diluant ainsi un accord de 1998 qui limitait les droits de vote.

De nombreux autochtones kanaks, qui représentent environ 40 % des quelque 300 000 habitants du territoire, craignent que cette mesure n’affaiblisse leur position sur le territoire.

Les violences de cette semaine se sont produites alors que l’Assemblée nationale votait à Paris l’adoption de la mesure. Une séance commune de l’Assemblée nationale et du Sénat doit être convoquée pour que les nouvelles règles entrent en vigueur, car elles représentent un changement constitutionnel.

La Nouvelle-Calédonie, située à environ 1 500 km à l’est de l’Australie, a été colonisée par la France au 19e siècle.

Des personnes se font face sur une barricade à Nouméa. Trois hommes tournent le dos à la caméra et un autre homme se tient de l'autre côté. L'homme est masqué et porte un sweat à capuche. Il fait des gestes vers eux.
Des habitants de Nouméa observent un militant à une barricade à l’entrée de Tuband, dans le quartier de Motor Pool à Nouméa. [Delphine Mayeur/AFP]

La dernière série de troubles, dans les années 1980, a conduit à l’accord de 1998, connu sous le nom d’accord de Nouméa, qui promet une plus grande autonomie ainsi que trois référendums sur l’indépendance.

Lors de ces trois référendums, dont le dernier en décembre 2021, les électeurs ont choisi de rester dans le giron de la France.

Les partis indépendantistes ont boycotté le dernier référendum parce qu’il s’est déroulé pendant la pandémie de COVID-19, qui a eu un impact dévastateur et disproportionné sur la communauté kanak.

Il existe de grandes disparités de richesse entre les Kanaks et les personnes d’origine européenne. Depuis l’accord de 1998, environ 40 000 personnes ont quitté la France pour s’installer en Nouvelle-Calédonie.

By Laurie

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